Coucou Ludo,
heureux de lire de tes nouvelles, de voir que Beckett fait écho depuis Rolland Garros jusqu'à ton avenir proche. Encore un été au bureau, je te le souhaite pas trop chaud, à Claire aussi d'ailleurs, et hop l'air frais !
Quand je t’entends dire, façon de parler, enfin d'écrire, que tu vas te remettre à faire ce que tu veux vraiment réaliser avant d'être mort ou vieux, ou l'inverse ou les deux, je me dis que c'est bien de ce courage-là qu'il s'agit.
Les plantes poussent aussi chez nous, sur la terrasse la clématite s'accroche et fleurit, l'hortensia grossit et on devine les fleurs prochaines, la courgette a des feuilles énormes et les fraises rougissent. C'est drôlement bon de regarder les plantes poussées, ça m'émerveille. Et depuis deux jours sur les minis balcons de la façade, on a repiqué des Suzannes aux yeux noirs et des mouches bleues parce que les géranium ça m'évoque trop Thierville.
Claire a un mois de juin chargé, elle corrige les travaux de ses étudiants, des rencontres à la librairie, une assemblée générale des actionnaires, préparer aussi la belle fête de la semaine prochaine. Notre enfant continue de grossir en elle, et ses gencives n'ont rien trouvé de mieux que de s'irriter depuis 10 jours, mais elle développe une force de résistance incroyable ; elle fait son auto-préparation à l'accouchement. Ce qui est sûr c'est que nous allons ralentir tout ça avec la langueur de l'été.
De mon côté, les moments vécus auprès des enfants du Refuge me prennent et me donnent beaucoup. Sans excès dans l'un ou l'autre. Je viens de laisser de côté, en tout cas pour l'année prochaine, le cours de cirque que je donnais et les deux pièces que jouais encore épisodiquement. A la fois soulagé d'avoir dégagé du temps et en même temps conscient qu'un manque apparaît, je tente d'intégrer la pédagogie et la pratique de la manipulation d'objets au sein de mon boulot. Je construis ce projet pour la rentrée mais vais faire des essais d'atelier cet été. Je me réjouis !
Et puis il y a du temps pour lire, allongé sur le divan près des fenêtres. La Porte de Natsume Soseki : vie banale, monotone et sans avenir d'un japonais du début du XXème qui va (peut-être, je n'en suis pas au bout) trouver une porte pour relancer sa vie vers plus de sens, ou plus de plénitude. Sosiki, un putain de moderne ! Entre ça, plic ploc, comme on boit de la mirabelle, Michaux. Notamment un formidable texte sur les dessins d'enfants dans son dernier recueil "déplacements dégagements".
L'été m'a surpris mais je m'y fait vite. Je pars travaillé, heureux d'avoir eu de tes nouvelles et te remerciant d'en avoir demandé.
A très vite maintenant,